Kuala Lumpur, suite...
Quartiers de maisons basses, boutiques en rez-de-chaussée évoquant d’autres villes asiatiques, rappels plus ou moins heureux, ici de la Chine et là de l’Inde et là encore, la période ou l’esthétique coloniale. Deux stations de métro plus loin, parfois moins, successions de sauts temporels, immeubles « modernes » des années 80, 90, puis, impromptu, l’autre côté de la rue et ses immenses tours nous projette dans un vingt et unième siècle en train de naître… Le tout dans ce caractère propret et rangé, convenable pour tout dire, qui sent si fort l’influence britannique.
Quel endroit étrange que Kuala Lumpur !
Espace voué au béton et au bitume, la ville enserre en son filet des parcelles de nature dénaturée, musées pour entretenir son souvenir, où cohabitent des maisons à échelle de l’individu et des totems démesurés dont la volonté de poser l’absolu du primat de la culture nous résume à l’état de fourmi.
De l’horizontalité agraire à la verticalité de Babel, le pittoresque change de nature.
Lignes d’horizon, profils sur fond de ciel rythmés aux barres des démesures, architectures dont l’audace affirmée n’est, le plus souvent, que le masque d’un banal prisme droit. Acier, béton et verre, reflets…
Il n’est pas impossible que la ville livre, à son insu, images contre discours, sa meilleure définition d’elle-même. Masquée pour les regards directs, narcissique elle se mire en elle-même. Elle se reflète, se réfléchit en des miroirs de vérités. La réflexion révèle par ses anamorphoses son véritable visage, inquiétant et monstrueux.
Miroirs, mes beaux miroirs qui suis-je ?
L’illusion du reflet pourrait bien être la réalité échappant au refoulé.
Je vous invite à parcourir la suite des albums : « Anamorphoses et géométries », « Architectures », « Activités » et l’album « Le Maraudeur » en témoignage de ce que la vie, en ce qu’elle a de plus primitif, de plus premier a toujours le dernier mot.